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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 15 octobre [18]79, mercredi matin, 9 h.

Tu fais bien, mon grand petit homme, de compléter par un peu de sommeil ce matin les lacunes de celui de ta nuit qui a été quelconque à ce que me dit Mariette. Il est vrai qu’elle se trompe assez souvent en bien ou en mal dans les nouvelles qu’elle me donne de toi tous les jours. J’espère que, cette fois encore, elle aura pris pour de l’insomnie un peu d’agitation dans tes rêves. En attendant que j’aille aux informations moi-même, je viens de lire dans Le Rappel le complément du compte-rendu de ta belle fête de nuit d’avant-hier [1] et je n’en aia que plus de regrets de n’avoir pas pu y assister pour être témoin de ce spectacle émouvant et charmant.
Clovis Hugues t’a écrit, il attend que sa petite fille ne tousse plus pour venir te voir. Mon avis serait de les inviter à dîner pour vendredi prochain avec Jourde. Tu en décideras tantôt, jusque-là je m’abstiens de toute initiative excepté de t’adorer, dont je ne demande pas la permission même à toi.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16400, f. 248
Transcription d’Apolline Ponthieux assistée de Florence Naugrette

a) « n’en n’ai ».

Notes

[1Victor Hugo a organisé un grand banquet, à l’occasion de la centième représentation de l’adaptation de Notre-Dame de Paris par Paul Meurice, au Théâtre des Nations. Donné le lundi 13 octobre au soir au Grand-Hôtel, le banquet qui a suivi la représentation a rassemblé des personnalités éminentes des milieux littéraire, artistique et journalistique. L’article du Rappel que mentionne Juliette dans sa lettre décrit la représentation de la pièce en ces mots : « La centième représentation de Notre-Dame de Paris a eu l’éclat de la première. On savait que Victor Hugo y assisterait, et la foule était accourue au Théâtre des Nations avec un double empressement pour le drame et pour le poète. Les artistes ont joué avec tout leur talent, et on peut dire de tout leur cœur. Jamais Mme Laurent n’avait été plus tragique dans la Sachette, jamais Mme Alice Jody plus charmante dans la Esmeralda, jamais La Cressonnière plus profondément touchant dans Quasimodo. MM. Richard, René Didier, Monti, Mortimer, etc., et Mme Raucourt, Hadamard, Maria Vloor, etc., ont contribué pour leur bonne part au grand effet de la belle soirée. Après le dernier acte, la toile s’est relevée, tous les acteurs de la pièce, petits et grands, étaient en scène, et Mme Laurent a dit ces admirables vers de Théodore de Banville : « Ô peuple frissonnant, ému comme une femme ! / Heureux de savourer la douleur et l’effroi, / Tu vins cent fois de suite applaudir notre drame / Où l’ ;âme de Hugo pleure et gémit sur toi […]. »

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