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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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20 mars 1838

20 mars [1838], mardi matin, 11 h. ½

Bonjour mon Toto, je t’aime, je ne pense qu’à toi, je t’adore. J’espère que tu m’auras une petite loge [C ?] pour ce soir aussi je t’écris en conséquence. Je crains que de lire mes gribouillis n’augmente la fatigue de tes chers beaux yeux. Si tu étais bien gentil tu ne les lirais que lorsqu’ils seraient guéris. Je te dis cela de bien bonne foi, mon amour, j’ai si peur d’ajouter encore à la fatigue et la douleur que tu éprouves dans ce moment-[ci  ? ?] que j’aimerais mieux t’écrire trois lettres par jour à la condition que tu ne les lirais que dans six mois. C’est bien vrai, mon pauvre adoré. Jour Toto, jour mon petit homme, vous n’êtes pas venu encore, vous ne viendrez donc plus jamais ? Toto, Toto, vous dérogez. J’ai un excessif mal de tête, cela tient au printemps et autre chose... Je supporte cette infirmité avec courage mais je souffre néanmoins comme une damnée. J’aurais besoin de prendre de l’exercice. Je vais écrire chez mon père [1] pour qu’on aita à nous envoyer une permission toute prête pour l’aller voir cette semaine, ce pauvre homme, c’est le mieux que nous puissions faire après lui avoir si souvent promis. Il faudra aussi que nous allions chez Claire, tu n’as plus de répétitions à présent, il te sera plus facile de me donner quelques instants dans la journée. Je vous aime, vous. Je ne m’explique pas très bien ce qui vous empêche de venir déjeuner avec moi depuis trois semaines car enfin il faut que vous preniez quelques heures de repos et que vous déjeuniez ? Donc que vous pourriez quelquefois me donner la préférence. Avouez que votre conduite depuis trois semaines est inexplicable même en admettant, ce qui est vrai, que vous travailliez tous les jours comme un pauvre chien. Je fais tout mon possible pour ne pas me tourmenter et vous tourmenter mais j’ai bien de la peine. Je retourne toujours en arrière et je vois qu’autrefois tu ne travaillais pas moins qu’à présent et que tu étais plus amoureux. Si je me trompe, mon pauvre bien-aimé, ce n’est pas faute de vouloir être juste. Je sais bien que tu es le meilleur des hommes mais je voudrais savoir que tu en es le plus amoureux. Je ne vis que pour toi, je t’adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16333, f. 168
Transcription d’Armelle Baty assistée de Gérard Pouchain

a) « n’ait ».

Notes

[1Juliette désigne ainsi son oncle René-Henry Drouet.

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