Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1841 > Juillet > 1

1er juillet 1841

1er juillet [1841], jeudi matin, 10 h. ½

Bonjour mon Toto bien-aimé, bonjour mon amour chéri. Pourquoi n’êtes-vous pas venu mon Toto ? Est-ce que les barricades vous font peur, homme de JULIETTE ? Ça serait gentil si vous n’étiez pas plus brave que ça [1]. D’un autre côté, pauvre ange, je sais bien ce qui te retient et je n’ai plus le courage d’en rire. C’est aujourd’hui le mois du portier et nous n’avons pas le soua, sans compter que je n’ai plus aucune provision et qu’il faut acheter au jour le jour le vin, l’huile à brûler et toutes les épiceries. Tout cela me serait parfaitement indifférent si cela ne te forçait pas à un travail atroce et assidu. Alors, mon pauvre bien-aimé, je n’ai plus envie de rire quand je pense à cela. Je t’aime, mon Victor adoré, sois béni mon amour, sois heureux mon âme. À bientôt, n’est-ce pas mon adoré ? Je t’attends, l’amour dans les yeux et sur les lèvres.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16346, f. 1-2
Transcription de Gwenaëlle Sifferlen assistée de Florence Naugrette

a) « sous ».


1er juillet [1841], jeudi après-midi, 3 h. ½

J’ai compté ma dépense du mois de juin, mon amour, il forme comme à l’ordinaire un total monstrueux quoique je mette le plus d’ordre et le plus d’économie possible dans mes dépenses. J’ai de plus le petit déficit presque traditionnel qui revient tous les mois mais avec des chiffres plus ou moins variés de francs, de sous, de liards, mais comme je suis sûre de ma probité je ne m’en inquiète pas autrement. C’est donc 5 F. 8 sous 3 liards qui manquent à la caisse ce mois-ci et que je ne remettrai pas de ma POCHE et pour cause. Prenez-en votre parti, mon amour.
Voici déjà la journée fort avancée et tu n’es pas encore venu, vilain monstre. Vous en prenez l’habitude à présent. Peut-être êtes-vous à VERNON NOMa D’UN PETIT BONHOMME [2]. Si je savais ça je vous passerais toutes espèces de choses à travers le corps. Scélérat, scélérat, prenez garde à vous car je sens que ÇA ME MONTE. Tâchez de venir bien vite si vous tenez à vos précieux jours, je vous aime mais je suis furieuse.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16346, f. 3-4
Transcription de Gwenaëlle Sifferlen assistée de Florence Naugrette

a) « NON ».

Notes

[1Juliette parle ici de ses règles, pour lesquelles elle utilise souvent une métaphore, militaire de préférence. Tous les mois, à cette période, elle reproche à Hugo soit d’en profiter pour ne pas venir la voir, soit justement de ne venir qu’à ce moment-là, et elle déplore alors un manque d’entrain et de « volupté » du poète.

[2À élucider. Commune française du département de l’Eure en région Haute-Normandie, aux portes de la Normandie. Il y a là-bas le Château de la Madeleine que les frères Delavigne ont possédé de 1824 à 1839 et que Hugo a dû fréquenter. Plus tard, son propriétaire sera un certain baron Thénard, qui donnera son nom à un sinistre personnage sous le nom de Thénardier dans Les Misérables.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne