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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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17 août [1836], midi ½, mercredi

Cher bien-aimé, je viens de m’apercevoira en donnant la reconnaissance à Lanvin qu’elle n’était que de 35 F. au lieu de 75 F., je m’étais trompée. J’en avais une de 75 F. que j’avais prise pour celle-là : ce que voyant j’ai pris sur moi de faire dégager puisqu’il n’en coûtait pas davantage de frais et de voir si les deux robes que je cherche y étaientb. Dans ce cas de les prendre et de remettre les quatre autres ; dans le cas contraire de remettre tout le paquet en bloc. De cette façon nous ne dépenserons que peu ou point d’argent. Et nous courons la chance de n’avoir pas besoin d’acheter un schal [1]. Je ne t’ai pas attendu pour te consulter parce que le temps nous aurait manqué. Et que je ne pense pas qu’il y aitc mauvaise économie dans mon essai.
Je t’aime mon cher adoré, je vous aime c’est bien vrai. Je te trouve de plus en plus adorable. Je voudrais te faire bien comprendre à quel point je t’admire et combien je t’aime.
Il fait une chaleur atroce, je vais m’habiller, espérant que tu te souviendras que [N.  ?] t’attend pour faire ton portrait [2]. Et que moi je t’attends pour te baiser et te remercier de ta bonne complaisance.
À bientôt. Je vous aime. Je vous aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16327, f. 244-245
Transcription de Nicole Savy

a) « appercevoir ».
b) « était ».
c) « est ».


17 août [1836], mercredi après-midi, 3 h.

Voici déjà l’heure convenue passée. Je ne t’en veux [pas] mon pauvre cher petit homme, mais je ne peux pas n’être pas triste. Surtout quand je pense qu’il n’aurait fallu que deux ou trois séances sérieuses pour me faire le bonheur après lequel je soupire depuis bientôt quatre ans [3]. Me voici triste pour tout le reste de la journée car en supposant que tu viennes il sera trop tard pour poser utilement. Ce sera encore une fois du temps et de l’argent dépensés en pure perte. Je suis très triste vraiment, avec cela que [N [4]  ?] s’en va à la fin du mois, ainsi plus d’espoir encore pour cette année. En vérité le bonheur prend soin de ne venir à moi que rarement et par fraction.
J’ai manqué mon affaire au Mont-de-Piété. Lanvin n’a pas pu rien retirer parce qu’il n’aurait rien pu réengager, attendu qu’il n’avait pas les papiers suffisantsa pour cela. On s’est contenté de renouvelerb, voilà tout [5].
Mon Dieu mon pauvre ange si tu me trouves triste ne me gronde pas, et supporte cela comme un mal nécessaire dans l’état de choses où nous vivons. Je ne t’en aime pas moins mais je suis triste.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16327, f. 246-247
Transcription de Nicole Savy

a) « suffisans », graphie courante pendant la première moitié du siècle.
b) « renouveller ».

Notes

[1« Schal » ou « schall », orthographe de « châle » à l’époque romantique.

[2Vraisemblablement Célestin Nanteuil. Voir la lettre du 4 août après-midi.

[3Il s’agit toujours du portrait de Victor promis à Juliette, par un artiste dont le nom reste à élucider.

[4Vraisemblablement Célestin Nanteuil, avec qui Juliette et Hugo ont l’habitude de voyager.

[5Voir la lettre précédente, sur les tentatives de Juliette pour reprendre ses effets engagés au Mont-de-Piété tout en en déposant d’autres.

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