3 août [1836] après-midi, 4 h.
Mon cher petit homme, je ne crois pas du tout que vous viendrez me chercher aussi j’ai commandé mon dîner. Je sais très bien que vous devez être à Fourqueux [1] dans ce moment-ci. Quoique ça ne m’arrange que tout juste, je me résigne en pensant que vous m’aimez et que vous m’êtes fidèle.
En attendant votre retour je vais raccommodera mes bas et mes chaussettes et puis j’irai à l’Opéra aux Tuileries et même à TIVOLI [2] ! Qu’est-ce que ça vous fait pourvu que je vous aime et que je ne pense qu’à vous ? Hein ? C’est donc convenu une fois pour toutess que j’irai me promener chaque fois que vous serez à Fourqueux. Il fait cependant un temps bien ravissant et vous auriez été bien avisé de venir me surprendre sur le fait.
Cher petit ange, je vous dis que je vous aime je vous le CRIE je vous le hurle je vous le gribouille et je vous le FARTOUILLE [3] quoique je ne sois pas une belle BRANCHE bien flexible à l’heure qu’il est, vu mon état de phtisie pulmonaire. Ah ça je vous baise dites donc et je vous prie à deux genoux de ne pas me laisser trop longtemps jouir du plaisir du Centre des Beaux-Arts [4].
J.
BnF, Mss, NAF 16327, f. 206-207
Transcription de Nicole Savy
a) « racommoder ».
b) « toute ».
3 août [1836], mercredi soir, 6 h. ¾
Je ne m’étais pas trompéea, vous êtes parti. Et moi j’ai la conscience des rester là à vous attendre comme une bonne petite honnête femme. J’ai travaillé depuis tantôt, je travaillerai encore ce soir. J’ai très peu de choses à lire. Vous auriez dû avant de vous en aller pour toujours m’apporter de quoi dormir. Comment voulez-vous que je dorme à présent ? C’est très gênant.
Mes alexandrines [5] me font assez souffrir aujourd’hui. Heureusement que je vais prendre de quoi tuer toute cette espèce de poésie qui cause un si grand désordre dans mon ventre. Je vous aime…
BnF, Mss, NAF 16327, f. 208-209
Transcription de Nicole Savy
a) « trompé ».