23 juin 1863

Guernesey, 23 juin [18]63, mardi matin 7 h.

Rebonjour, mon cher petit homme et mon cœur par-dessus le marché. Il me semble, autant que j’en peux juger à travers l’espace, que tu te portes bien et que tu as passé une bonne nuit. Si cela est j’ai de quoi te rendre la pareille car j’ai dormi comme quatre et je me porte comme TOUT. J’espère même décrocher [illis.] superbe. Pour cela je mettrai mon couvert d’avance pour n’avoir plus qu’à te faire les honneurs de mon VIAU et de MA légume. Il me semble que tu es remonté presque tout de suite chez toi hier au soir ? Il me semble aussi avoir vu d’étranges ombres chinoises… ou autres dans la chambre de vos CHÈRES PETITES. Je crois qu’il est plus que temps que j’abandonne mon poste d’observation si je ne veux pas voir plus de choses que ma philosophie n’en saurait comprendre et supporter. Dès aujourd’hui je vais m’occuper de cela. En attendant je t’aime de confiance et je suis heureuse en toute sécurité de cœur et d’âme. Telle est ma force. Mes merles aussi sont heureux et confiants dans ma débonnaireté à les laisser gober mes cerises [une ligne illisible] poulets seuls en piaillant^a comme s’il ne fallait pas que tout le monde vive, même les chats qui ne demandent qu’à les dévorer. Témoin celui de la voisine que je viens de chasser à coup de balai. Tout cela est médiocrement intéressant pour toi et il ne faut rien moins que ma pauvreté d’esprit pour te dire de pareilles misères. Décidément je troquerais volontiers [ma  ? une  ?] part du royaume des cieux pour [ligne illisible].

BnF, Mss, NAF 16384, f. 165
Transcription de Gérard Pouchain

a) « piallant ».