Bruxelles, 5 août [18]67, lundi matin, 8 h.
J’espère que le bulletin de ta nuit, de ta santé et de ton cœur est à la hauteur du mien et qu’il ne me laissera rien à désirer ni pour toi ni pour moi. En attendant que mes espérances se confirment, je souhaite que ton Charles et sa charmante petite femme trouvent chaussures à leurs piedsa à Chaudfontaineb [1] aujourd’hui. Il fait un temps exquis ce matin, ce qui est déjà bien pour voir le pays qu’ils vont visiter. Voilà Suzanne qui me rapporte la réponse des Berru : ils seront chez toi ce soir à six heures, heure militaire. Il paraît qu’ils se sont beaucoup amusés hier à Waterloo et que les Dehazes grillent du désir de te voir. Je regrette que nous ne puissions pas en faire la partie au moins une fois cette année. Cela ne serait pas plus difficile que d’aller à Boitsfortc [2]. Il est vrai qu’il n’y a pas d’arbres à Mont-Saint-Jean [3] et que les yeux de Mme Victor Hugo ne peuvent pas supporter la grande lumière. Cela étant, il n’y faut plus songer. Le bonheur est partout où tu es et où tu m’aimes et je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16388, f. 208
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « trouvent chaussure à leurs pieds ».
b) « Chauffontaines ».
c) « Boisfort ».