22 février [1836], lundi soir, 10 h. moins 10 m.
Pendant que tu travailles pour moi, pendant que te dévoues pour ta pauvre femme malade, elle ne fait que t’admirer avec dévotion [quelques mots difficilement lisibles]. Dis-moi, cher âme, comment je pourrai te récompenser de tant de fatigue, de tant de soin et de tant d’amour. Moi, je ne sais que t’aimer. Je m’acquitte mieux de te donner ma vie et mon âme que je ne m’entends à exprimer ce qui se passe de doux et de tendre dans le fond de mon cœur. Mon pauvre bien aimé, [illis.] tu te contentes d’une âme toute à toi. Cher petit homme, je crains que tu n’aies le féroce courage de ne pas venir ce soir surtout que tu as oublié ta clef. Si tu es bien bon, tu viendras à travers tout [illis.] d’empêchements. Tu me trouveras bien sage, bien raisonnable, et allant toujours mieux et t’aimant plus que plus plein mon âme.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16326, f. 129-130
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa