Guernesey, 3 décembre 1862, mercredi soir, 5 h.
N’ayant pas pu commencer ma journée par la restitus, c’est bien le moins que je la clôture par elle, n’est ce pas mon cher petit homme ? Ainsi fais-je, et cela au coup de cloche des ouvriers. Cher adoré, je ne m’excuse pas de t’avoir pas fait mon gribouillage plus tôt car cela n’a pas dépendu de moi. Les mercredis j’ai toujours un peu plus à faire que les autres jours à cause de la blanchisseuse. Mais que je suis bête de te raconter des choses aussi insignifiantes quand j’en ai tant d’autres, qui intéressent mon cœur, à te dire. Il est vrai qu’un seul mot : JE T’AIME, suffit pour te dire tout mon cher petit roman de la journée. Cela n’est pas bien difficile à rédiger ni bien long à griffonner. Ah ! te voilà, quel bonheur ! Je finis bien vite en te mettant pêle-mêle toutes mes tendresses en bloc et dans un seul baiser. Je t’adore.
BNF, Mss, NAF 16383, f. 258
Transcription de Camille Guicheteau assistée de Guy Rosa