Guernesey, 16 octobre 1862, jeudi matin, 8 h. ½
Bonjour, mon cher petit homme, bonjour à tout cœur et à tout crin, bonjour. Je vous aime à versea comme le temps, et vous ? J’attends votre réponse de pied ferme et je continue mes petites évolutions de tendresse sur le papier, cela entretient ma joie jusqu’au moment où je pourrai vous sauter au cou en personne.
J’espère, mon bien-aimé, que tu as passé une bonne nuit et que tu m’aimes. Voilà pourquoi je suis GEAIE comme un CHIEN ce matin. Autrement, si je doutais de l’une de ces deux choses indispensables à mon bonheur, loin d’être gaie, folâtre et stupide, je serais triste, malheureuse et bête, voilà la différence. Heureusement je suis pleine de confiance et d’amour, je ne doute ni de toi ni de moi et j’ai le cœur plein de joie et de bénédictions.
J.
BNF, Mss, NAF 16383, f. 212
Transcription de Camille Guicheteau assistée de Guy Rosa
a) « averse ».