Guernesey, 10 juin 1862, mardi, 7 h. ½ du m[atin]
Bonjour, mon cher petit grand homme, bonjour et joie au ciel, sur la terre et dans mon cœur si tu as passé une vraie good nuit, comme je le désire et comme je l’espère. Quant à moi, j’ai trop dormi car j’en suis encore toute engourdie. Tout à l’heure je prendrai un bain de piedsa, non pour ma gorge dont je ne souffre plus, mais pour ma tête qui est très douloureuse ce matin. Mais je crois que toutes ces oscillations tiennent à l’état orageux de l’atmosphère et qu’il n’y a rien à faire contre cela. Puis la perspective de mon cidre ce soir me fait tout oublier et me guérira comme avec la main. Telle est la puissance magique de votre présence, qu’il suffit de l’espérer prochainement pour s’en sentir pénétré de bonheur et de santé. C’est ce que tu pourras constater dès que tu viendras. En attendant je regarde ta chère petite fenêtre pour tâcher de deviner à travers si tu te portes bien, si tu dors encore et si tu rêves de moi pendant que je t’adore, le cœur et les yeux tout grand ouverts.
BNF, Mss, NAF 16383, f. 149
Transcription de Camille Guicheteau assistée de Guy Rosa
a) « pied ».