Guernesey, 7 mai 1862, mercredi matin, 7 h. ½
Bonjour, mon grand bien-aimé, bonjour, je baise tes pieds pour ne pas me brûler aux rayons de ton front ; bonjour, je t’adore !
Comment as-tu passé la nuit, mon cher petit homme ? Mieux que moi, je l’espère, car j’ai à peine dormi deux ou trois heures dans toute ma nuit. Heureusement que je n’ai pas souffert du tout ; et si tu as bien dormi et si tu te portes bien, tout est pour le mieux ce matin.
Quelle bonne et vaillante femme tu as, mon cher bien-aimé, et comme elle défend bien ta gloire ! En écoutant la lecture de sa lettre [1] hier au soir, mon cœur lui sautait au cou et j’aurais voulu avoir le droit de l’embrasser et de lui dire toute mon admiration et toute ma reconnaissance. Mais ce que je ne peux pas lui dire, à elle, mon âme le transporte en redoublant de tendresse et d’adoration pour toi [2], que je bénis à tous les instants de ma vie.
BNF, Mss, NAF 16383, f. 116
Transcription de Camille Guicheteau assistée de Guy Rosa