Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1862 > Avril > 19

Guernesey, 19 avril 1862, samedi soir, 5 h. ½

Encore une restitus désorientée, mon doux adoré, mais ce n’est la faute de mon cœur, ni le fait de ma volonté. Ce matin en me levant et après avoir ouvert mes portes au premier comme je fais toujours, j’ai aperçu un certain désordre dans mon étagère de droite de la cheminée. Les tableaux avaient fléchi sous le poids des assiettes, lesquelles ne tenaient plus qu’à un fil. Malheureusement, le petit cœur déjà ébréché que tu m’avais donné a eu la lâcheté de se laisser tomber et s’est brisé quoique tombant sur le tapis. Cet incident, presque accident, a dérangé tout l’ordre habituel de ma matinée. C’est pourquoi je t’écris si tard. Mais qu’importe puisque je t’aime et que tu n’en liras pas une minute plus tôt ni plus tard cet informe gribouillis pour cela.
Nous avons avancé la collation aujourd’hui. Demain, jour de Pâques, on ne fera rien mais lundi, on se rattrapera à force de plumes, de ratures, de points et de virgules. À propos, j’ai reçu deux numéros de La Célébrité [1]. Ce pauvre Luthereau fait ce qu’il peut pour rendre son admiration et son enthousiasme pour Les Misérables. S’il ne fait pas et ne dit pas mieux, ce n’est pas de sa faute. Tu auras reçu probablement les mêmes deux numéros. Dans tous les cas tu as les miens et mon cœur par-dessus avec un million de milliards de folles tendresses.

BnF, Mss, NAF 16383, f. 98
Transcription de Julia Wahl assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Luthereau est le rédacteur en chef du journal La Célébrité.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne