Guernesey, 10 novembre 1861, dimanche, 9 h. du matin
Bonjour, mon grand bien aimé. Bonjour, je t’adore. Comment as-tu passé la nuit, mon cher petit homme et comment vas-tu ce matin ? Ta fenêtre n’est pas encore ouverte mais la cheminée de ta salle à manger fume, ce qui me fait croire que tu es déjà au travail. Mon pauvre bien-aimé, Dieu veuille que tu ne te fatigues pas trop et qu’il ne t’arrive rien de fâcheux par cet excès de travail. Quant à moi, mon doux adoré, je n’ai pas la même crainte car Dieu sait que tu ne me surcharges guère, à mon grand regret. Mais ce n’est pas le moment de me plaindre le lendemain du jour où tu m’as donné de la bonne copire. Aussi, ce que je dis est rétrospectif et pour l’avenir, afin de me conformer aux habitudes des anguilles de Melun qui crient avant qu’on ne les écorche [1]. Merci, mon cher bien aimé, merci, grâce à cette bonne provision de copire, j’ai passé une très bonne nuit et je me porte admirablement bien ce matin. Êtes-vous content, monsieur, vous seriez bien injuste si vous ne l’étiez pas, car je fais tout ce que je peux pour cela, tant en ma conduite qu’en ma loi.
BnF, Mss, NAF 16382, f. 148
Transcription de Sophie Gondolle assistée de Florence Naugrette