15 août 1882

Paris, 15 août 1882, mardi matin, 8 h.

Dors, mon grand petit homme, achève ta nuit pendant que moi profitant d’un peu d’accalmie^a dans mes bobos je vais prendre un bain. Tu n’as pas entendu l’orage cette nuit, ce qui me prouve qu’à ce moment-là tu dormais serré. Pour moi que le moindre bruit éveille je ne perds rien de ce qui se passe autour de moi aussi bien tes enfants qui se couchent que le tonnerre qui gronde. Dans ce moment-ci je n’entends que les battements de mon cœur qui chuchotent entre eux toutes sortes de tendresse et d’adoration à ton adresse et que je te traduis en un seul mot : je t’aime !
Pense à écrire pour le mois de M^me Chenay [1]. Chaque jour de retard doit lui causer bien des embarras et bien des ennuis. J’espère que tes enfants dîneront avec toi ce soir. Quant^b à demain cela est certain et je m’occupe déjà de mettre les petits plats dans les grands pour fêter dignement l’anniversaire de la naissance de ton cher petit Georges. Je viens de recevoir une lettre de Paul Meurice qui viendra aussi, lui, demain dîner avec nous. Je regrette que nous n’ayons pas quelques bouteilles de vin de champagne, c’est-à-dire de gaîté et de belle humeur, à boire à cette occasion mais nous y suppléerons^c de notre mieux à force de nous aimer.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16403, f. 146
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette

a) « accalmie ».
b) « Quand ».
c) « supplérons ».