Paris, 19 juin 1882, lundi matin, 9 h.
Je crains, mon pauvre bien-aimé, que tu ne perdesa un temps bien précieux au dépouillement quotidien de tes lettres dont la plupartb sont insignifiantes ou tout à fait folles, ou que tu ne laisses en souffrance celles qui sont intéressantes et tout à fait urgentes. Et d’un autre côté je ne vois pas, Lesclide ne te paraissant pas suffisamment sérieux, ce qu’on peut faire pour ménager à la fois ta fatigue et la mienne ? Il faudrait avoir, au moins deux ou trois fois par semaine, quelqu’un de dévoué qui ferait cette besogne. Mais qui ? That is the question. En attendant j’ai reçu un journal contenant un très bel article d’Auguste Générès. Je te le porterai tantôt pour que tu le lises. J’ai écrit à Mme Clovis Hugues en lui donnant à choisir dans trois jours de cette semaine celui qu’elle préfère pour venir dîner avec son mari. J’ai aussi écrit à ta princesse [1] pour le même motif. Et enfin je t’écris pour moi-même que je t’adore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16403, f. 116
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette
a) « perde ».
b) « la plus part ».