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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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27 mars 1839

27 mars [1839], midi, mercredi

Bonjour, mon cher petit bien-aimé, bonjour, mon adoré, je vous aime, et vous ? Voici Suzanne, tout en pleurs comme une Madeleine, j’espère que cette petite leçon la corrigera du défaut de se plaindre en arrière sans sujet, mais il est toujours triste de penser que quelles quea soient les bontés qu’on ait pour ces gens-là, ils n’en sont pas reconnaissantsb. Parlons de nous, c’est plus gentil et plus doux. Cependant vous êtes un vilain de vous être en allé si tôt puisque vous ne pouviez pas revenir ; quand je vous verrai, je vous donnerai cent mille baisers pour vous punir. Votre dessin, mon petit homme, m’a bien l’air de ne devoir plus vous revenir car je ne reçois ni vent ni nouvelle de Mme Krafft. J’en suis fâchée pour vous puisque vous pensez que votre chef-d’œuvre n’est pas complet. Une autre foisc, vous ne serez pas si lambin mais une autre foisc, je ne redonnerai pas un autre de mes dessins à personne, ce qui rendra l’occasion de vous presser un peu rare. Je vous aime, Toto, entendez-vous, je vous aime. Il faudra que j’écrive aujourd’hui à MANIÈRE pour cette affaire François. Mais je veux que tu sois là pour voir ma lettre afin que je n’y mette rien qui puisse NOUS COMPROMETTRE. Baisez-moi, vilain, et tâchez de venir très tôt, je vous aime, aimez-moi, pensez à moi. Vous avez taillé une fièrement bonne plume : on écrit comme avec du BEURRE. Je t’aime, je t’aime, je t’aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16337, f. 309-310
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « quelques ».
b) « reconnaissans ».
c) « autrefois ».


27 mars [1839], mercredi soir, 7 h.

Vous trouvez le moyen tous les jours de satisfaire tout le monde, excepté moi, ce qui est fâcheux et triste car c’est précisément la personne qui a le plus besoin de vous et qui vous aime de toute son âme, est-ce juste, je vous le demande à vous-même ? Je suis sûre que les petites Besancenot qui me crient aux oreilles en conviendraient, pour peu que je m’adressasse à leur cœur. Il n’y a [que] vous qui soyez insensible comme une pierre. Je souffre des reins de manière à ne pouvoir pas me bouger. Si les bains étaienta passés ce soir, j’en aurais pris un car je souffre horriblement. Tiens, vous voilà, grosse BÊTE.

7 h. ½

Déjà disparu ! C’est comme une vision, vous ne faites que paraître et disparaître. Je souffre, mon cher petit homme, je souffre à ne pas pouvoir respirer. C’est atroce, je ne m’étais pas encore sentie prise de douleurs aussi longues ni aussi vives. Je vais prendre mon bain de siège tout à l’heure. Il est possible que je me couche tout de suite après. Et puis si demain ce n’est pas calmé, je ferai venir un médecin quelconque. Je t’aime, mon Toto. Je te demande pardon de te parler si longtemps de mes MALADIES. Mais il faut bien que je me plaigne à quelqu’un. Je t’aime, je t’aime, je t’aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16337, f. 311-312
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « avaient ».

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