Paris, 7 mars 1882, mardi matin, 8 h.
Cher bien-aimé, j’espère que ta nuit a été digne de tout point de ta sublime bonne action de la journée et j’en remercie Dieu auquel je crois à travers toi plus que jamais. À peine levée je me suis précipitée sur Le Rappel où j’ai trouvé en Premier-Paris [1] ton sublime appel à la clémence [2], répété, naturellement, par le Petit Parisien [3]. Mais hélas ! Rien n’en a encore transpiré dans les autres journaux que nous recevons, c’est triste ! Demain, espérons-le, tous le reproduironta à l’envieb l’un l’autre, sans autre préoccupationc que de sauver douze existences ! En attendant, mon généreux et divin bien-aimé, tu entraînes dans l’humanité ta fonction d’archange combattant le mal et prêchant le bien. Sois béni autant que tu es grand et bon. Mon cœur se répand sur tes pieds et mon âme se fond en admiration devant toi. Les mots manquent à la grandeur de mon amour. Sois béni, sois béni, sois béni !
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16403, f. 18
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette
a) « reproduirons ».
b) « à l’envi ».
c) « préocupation ».