Paris, 17 juin [18]79, mardi matin, 9 h.
Toi non plus, mon pauvre bien-aimé, tu n’as pas bien dormi ce qui s’ajoute encore pour moi à la tristesse du temps et des choses. Quand donc reviendra ton bon sommeil d’autrefois ? Quand reviendra notre doux et honnête bonheur du temps passé ? Quand ne serai-je plus une charge et un souci pour toi ? Questions incessantes auxquelles il n’y aura plus pour moi de réponses satisfaisantes dans ce monde-ci, je ne l’espère pas.
Je crois que tu as bien fait de brûler le Sénat aujourd’hui car, évidemment, son ordre du jour ne comporte rien d’intéressant ni d’urgent pour toi aujourd’hui. D’autre part les agitations de l’autre chambre doivent piquer la curiosité de tout le monde politique qui n’a que cela à faire. Ce qui n’est pas ton cas tant s’en faut. Tu feras bien de mettre à jour aujourd’hui diverses lettres et pétitionsa qui attendent depuis quelques jours déjà. Sans parler de la Quarterly Reviewb qui contient un article sur toi plus une lettre anglaise venue par la poste, de l’auteur, probablementc. Une lettre intéressante d’un ancien ami à toi mais dont je n’ai pas pu déchiffrer la signature qui vient de visiter Waterlood et qui t’envoie une photographie de la maison que tu as habitéee [1]. Tu verras la lettre et l’image et si tu veux me la donner en souvenir de notre bonheur passé j’en serai bien heureuse.
Je ne pense pas que le temps nous permette de sortir tantôt mais [être ? vivre ?] auprès de toi où que ce soit m’est bien [égal ?].
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF, 16400, f. 154
Transcription de Chantal Brière
a) « pétition ».
b) « Quartely rewiev ».
c) « brobablement ».
d) « Watterloo ».
e) « habité ».