Avant de lire, regarde-moi encore une fois avec amour.
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Pauvre ami, je m’en vais bien t’affliger et bien te surprendre. Cependant, il le faut, je ne me sens pas le courage de résister plus longtemps à ton injuste et soupçonneuse jalousie – Cette continuelle défiance d’un sentiment qui est aussi pur et aussi vrai que celui qu’on a pour Dieu – cette persévérance continuelle à nier des faits comme ceux qui font ma vie de tous les jours – tout cela me fatigue et me rend malheureuse au dernier point – J’aime mieux te quitter que m’exposer encore à de nouveaux chagrins qui finiraient par détruire ou ma raison ou mon amour –
Voici une résolution bien prise dans l’excès de mon amour même – Si tu souffres – pardonne-moi et bénis-moi avant de me quitter pour toujours. Je t’aime.
BnF, Mss, NAF 16322, f. 195
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette