Paris, 12 avril [18]79, samedi matin, 8 h.
Je suis bien contente, mon doux adoré, que ta nuit ait été parfaitement bonne, cela me rabiboche gaiementa de ma mauvaise nuit. Merci, je t’aime ! Si mon pauvre genoub pouvait prendre le dessus aujourd’hui je crois que tu n’aurais plus rien à me reprocher. En attendant je continue de clopiner et de geindre comme si je n’avais jamais fait que ça. Le temps aussi continue de grogner et d’être très maussade et très froid. J’espère qu’il s’humanisera d’ici à tantôt pour l’heure de notre promenade. J’ai oublié de te dire tout à l’heure que tu avais reçu une lettre très empressée de Claretiec qui viendra dîner le même jour que Banville, vendredi prochain, 18. Le maire de ton arrondissement t’a envoyé les statuts des écoles gratuites qu’il préside avec la liste des fondateurs et celle des bienfaiteurs des susdites écoles. Waddingtond, Hérold et Andrieux. Les dames patronnesses de la même œuvre t’envoiente quatre billets à dix francs chaque pour le bal de bienfaisance qui sera donné pour le même objet le samedi 26 avril. L’envoi est accompagné d’une lettre charmante signée Crémieux [1] qui se félicite de l’honneur d’être ta voisine, elle demeure avenue d’Eylau, 99, gare à ton porte-monnaie ! Moi je ne vise que ton cœur, puissé-jef ne pas faire choug blanc.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF, 16400, f. 98
Transcription de Chantal Brière
a) « gaiment ».
b) « genoux ».
c) « Clartie ».
d) « Wadington ».
e) « t’envoie ».
f) « puissai-je ».
g) « choux ».