Guernesey, 3 mars 1858, mercredi soir, 5 h. ¾
Mon bien-aimé, je te souris, je t’aime, je suis heureuse. Je te le dis du fond du cœur et sans prendre le temps de chercher les mots pour l’exprimer parce que mon cœur déborde et que l’heure de mes convives me presse mais je t’aime avec toute mon âme. Je suis trop souvent en proie à des malaises qui réagissent sur mon caractère, naturellement impatient, mais quels que soient mes injustes emportements, je ne t’en aime pas moins avec tout le respect et toute l’admiration et tout l’amour de mon [âme ?]. Tu verras ce soir combien je vais mettre à profit le bonheur que tu me donnes. En attendant, j’ai voulu protester contre ma maussaderie de tantôt par ce petit bout de restitus que je remplis de mon amour.
BnF, Mss, NAF 16379, f. 50
Transcription de Florence Naugrette