Guernesey, 1er février 1858, lundi soir, 7 h. ¼
Dieu soit loué, voici toutes mes lettres et toutes mes corvées acquittées et je pourrai désormais sortir avec toi sans y mêler aucun ennui d’aucune sorte, ce qui n’est pas une menue satisfaction pour moi. Je t’attends à partir de demain. Je t’appartiens sans réserve d’aucun genre. Nous verrons quel usage tu feras de ton côté de cette BELLE propriété. En attendant, je sais que vous arrivez toujours beaucoup trop tôt chez Mme Duverdier et que vous vous en allez beaucoup trop tard sans autre prétexte que celui d’une galante assiduité, très remarquée d’ailleurs, par les assistants observateurs désintéressés. Vous voyez que ma police est un peu mieux informée que celle de M. Boustrapa, ce qui n’est pas difficile. C’est pour dire que tout cela vous oblige à venir de très bonne heure ce soir si vous ne voulez pas que je dégaine toutes les plus atroces conclusions de votre absence prolongée. En attendant, je vous attends l’arme au bras et le cœur chargé jusqu’à la gueule
Juliette
BnF, Mss, NAF 16379, f. 22
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette