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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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22 janvier [1846], jeudi, 10 h. ½

Bonjour mon Toto bien aimé, bonjour mon adoré petit Toto, bonjour je t’aime et vous ? J’ai oublié de te demander hier au soir si je pouvais me mettre à copier tout de suite. Dès que tu viendras je te le demanderai et il faudra bien que tu me le dises. Mon pauvre pied me fait toujours bien mal. Cependant je lui ai mis un gros tampon de charpie et de [illis.], mais tout cela ne me soulage guère. J’essaieraiª de ton remède à l’eau et de ton [illis.] opiacé et [illis.] mais je doute que cela me guérisse. Il est probable que j’en aie pour toute la vie de ce bobo-là. Cher petit homme, puisque vous n’avez pas de Chambre, est-ce que vous ne pourriez pas venir travailler chez moi au lieu de travailler chez vous ? Je vous verrai au moins, tandis que comme cela je ne vous vois pas plus un jour que l’autre, ce qui n’est rien moins que gai, je vous assure. Si vous étiez seulement vingt-quatre heures dans ma peau vous en seriez plus que convaincu. C’est ce que je vous souhaiterais si cela se pouvait. Malheureusement vous vous trouvez trop bien dans la vôtre, de peau, et vous avez raison mais vous l’auriez encore davantage si vous preniez la mienne, toujours de peau, en pitié. Baisez-moi et venez tout de suite.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16362, f. 69-70
Transcription d’Audrey Vala assistée de Florence Naugrette

a) « j’esseyrai ».


22 janvier [1846], jeudi soir, 9 h. ¾

Toto je ne suis pas contente de vous. Vous ne m’avez pas donné à copier et vous vous êtes en allé tout de suite, toutes choses qui ne me sont pas agréables. Vous abusez de ma candeur et de ma résignation mais vous n’en serez pas le bon marchand. Le jour où je me révolterai vous verrez ce que devient une FAIBLE FAUME poussée à bout. En attendant, je souffre comme une damnée. Plus je fais de remèdes et plus je souffre ; depuis 17 ans cela a toujours été ainsi. Je crois que je ferais mieux de laisser mon pied tranquille. Il est vrai que cela ne m’avance pas davantage et que je n’en souffre pas moins. Vraiment c’est très bête de souffrir autant pour un méchant bobo de rien en apparence. Il est vrai encore que cela me donne l’occasion d’en parler tous les jours, ce qui n’est pas une médiocre consolation. Voime, voime, mais j’aimerais mieux autre chose. Si j’avais pu marcher aujourd’hui jeudi, je serais allée voir ma fille et je lui aurais demandé des renseignements sur la mère de son ex amie [1]. Je trouve la démarche de cette dame passablement absurde puisqu’elle ne voulait pas donner suite. Il est probable qu’elle est plus de moitié folle. Jour Toto, jour mon cher petit o je vous aime QUOIQUE et PARCE QUE tous les prétextes me sont bons pour vous aimer. Les bons comme les pires. De quelque façon que je prenne mon amour et que vous agissiez envers moi, je trouve une raison pour vous aimer davantage. Baisez-moi alors et venez le plus tôt que vous pourrez, vous ne viendrez jamais assez vite au gré de mon impatience.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16362, f. 71-72
Transcription d’Audrey Vala assistée de Florence Naugrette

Notes

[1À élucider.

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