Paris, 29 mai [18]78, mercredi matin, 11 h.
Pauvre cher bien-aimé, j’espère qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter de l’indisposition de notre chère Petite Jeanne mais il est bien triste de penser que cette indisposition revient si souvent et cela quand tu aurais le plus besoin de tranquillité d’esprit et de bonheur. J’aurais voulu t’épargner ce chagrin ce matin à n’importe quel prix mais je n’ai pas osé différer, même d’une minute, à t’en informer. Ce triste courage me tourmente presque comme un remordsa et je donnerais tout au monde pour qu’une bonne nouvelle de cette adorable petite fille vînt te réjouir aujourd’hui même. Je le demande ardemment à Dieu et j’espère qu’il m’exaucera. En attendant, mon pauvre adoré, je te supplie de ne pas te tourmenter. Je t’aime, je t’aime, je t’aime et j’aime tous ceux que tu aimes et que tu bénis. Je t’adore à deux genoux et de toute mon âme.
BnF, Mss, NAF, 16399, f. 141
Transcription de Chantal Brière
a) « remord ».