27 septembre [1847], mercredi après-midi, 2 h. ½
Je fais déjà mes préparatifs de VOYAGE pour me faire prendre patience. J’en ai bien besoin car je suis à bout de tout ce qui y ressemble. Jamais je n’ai été plus impatiente et plus découragée dans le fond du cœur que cette année. Je ne te dirai même pas jusqu’à quel point pour ne pas t’effrayer et t’inquiéter inutilement. D’ailleurs le petit voyage que nous allons faire, quelque court qu’il soit, me remontera un peu et me fera reprendre confiance pour l’avenir. J’en hâte le moment de tous mes vœux, au risque d’en être bientôt aux regrets. J’espère que rien ne viendra retarder le départ de toute la famille demain ? Je ne pense qu’à cela, parce qu’il me semble que je te verrai un peu plus en dépit des Asseline et des Bernard de tous les départements. Sans compter les arrangements de maison.
Car il paraît que tu vas faire arranger ta chambre décidément ? Je suis très sûre qu’il y a plus de deux ans que je t’ai donné la tapisserie de la Vierge et de saint Joseph. Si elle te manque, tu pourras à peu près savoir qui te l’a prise par la date certaine que je te donne. Je pourrai même te dire à un jour près celui où tu l’as emportéea, en regardant sur mon livre de dépense de 1845 l’achat des fils qui ont servi à la raccommoderb, et puis je t’aime, je t’attends, je te désire et je t’adore.
Juliette
MVH, α 7982
Transcription de Michèle Bertaux assistée de Nicole Savy
a) « emporté ».
b) « racommoder ».