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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 24 déc[embre 18]70, samedi midi

Est-ce que tu peux dormir, toi, mon doux et grand adoré ? Quant à moi voilà plusieurs nuits blanches que je passe sans savoir au juste pourquoi car je crois qu’il entre un peu de tout dans cette insomnie réitérée : le froid [1], d’abord, les douleurs qui en sont les conséquences et par-dessus tout l’inquiétude de la terrible situation où nous sommes. Tout cela me pèse, m’agite et me tourmente au point d’avoir toujours envie de pleurer, même quand je ris, et surtout quand je ris. Et pourtant je t’adore, et Petit Georges m’enchante, et petite Jeanne me sourit, ce qui est une manière de me bénir, et tout le monde est bon et charmant pour moi, témoin Le Rappel que M. Vacquerie m’envoie sous bande ce matin. Mais tout cela n’est rien en raison du danger qui te menace et contre lequel, hélas ! je sens que je ne peux rien que mourir si Dieu ne nous vient pas en aide. J’appellea à notre secours, non seulement ma prière la plus intense, mais encore celle de nos douces âmes de là-haut. Je leur demande de te garder nuit et jour et de te conserver dans ta santé et dans ta gloire aussi longtemps que l’existence humaine peut se prolonger, aussi longtemps que la mémoire humaine durera et de faire que tu m’aimes toujours dans ce monde et dans l’autre et pour l’éternité.

MLVH Bièvres, 130-8-LAS-VH 18 a, b et c
Transcription de Gérard Pouchain

a) « j’appèle ».

Notes

[1« Il gèle. La Seine charrie. » (Victor Hugo, Carnet, 24 décembre 1870).

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