12 mars 1856

Guernesey, 12 mars 1856, mercredi matin, 9 h.

Bonjour et pardon, mon pauvre bien-aimé : je t’aime et j’ai l’âme remplie de tristesse en songeant au malentendu prolongé d’hier pendant lequel tu t’es si douloureusement mépris sur la cause de mon chagrin et sur les vrais^a sentiments de mon cœur pour toi. [Ô  ?] mon^b pauvre adoré, si jamais homme a été admiré et vénéré en ce monde comme ce qu’il y a de plus grand, de plus beau, de plus juste et de plus généreux c’est toi par moi. Par quelle illusion de paroles et d’attitudes de ma part peux-tu en douter quelquefois ? C’est ce que je ne sais pas mais je t’en demande pardon comme d’un tort que j’aurais commis sciemment tant je me trouve coupable de t’avoir affligé même malgré moi. Pardon, mon adoré bien-aimé, tout ce que tu veux est juste, tout ce que tu conseilles^c est nécessaire. Je t’aime et mon bonheur est de t’obéir en toute chose. Je te le dis du fond du cœur et sans la moindre arrière-pensée mauvaise. Je te bénis, mon Victor adoré, et je mets ma joie à te complaire en toute chose autant qu’il est en moi. Pardonne-moi encore une fois d’avoir dévié à mon insu^d de cette voie de respect, de reconnaissance et d’amour.

Juju [illis.]

BnF, Mss, NAF, 16377, f. 85
Transcription de Chantal Brière

a) « vraies ».
b) « mon » est noté deux fois.
c) « conseille ».
d) « insue ».