8 juillet [1847], jeudi, 7 h. ¾
Bonjour, mon plus qu’aimé, bonjour mon admiré et adoré Toto. Je ne veux pas m’en aller à cette pénible visite sans avoir pris du courage et de la résignation dans ta douce pensée [1]. J’espère que je serai revenue assez tôt pour te voir si tu viens baigner tes yeux [2] avant d’aller à la Chambre [3]. J’ai préparé ton eau tout à l’heure dans cet espoir. Le temps est bien triste et j’ai la tête bien douloureuse, peut-être que le grand air dissipera cela. Je te promets d’être forte, calme, courageuse et résignée. Pour cela, je n’ai qu’à penser à toi et à me rappeler toutes tes saintes recommandations. J’ai foi en tout ce que tu me dis comme si c’était Dieu lui-même qui me le dise. Je t’aime, je t’aime, je t’aime.
Je pense que l’omnibus de Vincennes me prendra. Dans tous les cas, j’ai celui de la barrière et je ferai très bien le reste du chemin à pied, quelque temps qu’il fasse. L’heure me presse, je me dépêche de te répéter que tu es mon Victor que j’aime de toute mon âme.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16365, f. 154-155
Transcription de Gwenaëlle Sifferlen assistée de Florence Naugrette