Il faut que je te voiea ce soir – ne fût-ce qu’un moment – Je te verrai ce soir. Cette pensée fait courir un frisson par tout mon corps – Ma vie depuis hier, est bien triste et bien découragée – et j’ai besoin de toi pour me sentir exister – Je t’aime mon Victor, plus qu’un pâle langage ne peut l’exprimer – Tu es l’ange qui doit parfumer ma vie de bonheur et d’amour – Mon âme – ma vie – mon Victor – je ne t’ai jamais laissé voir tout mon amour – Je craignais de rendre plus pénible pour toi – les moments de notre séparation – Oh ! si tu avais pu voir toutb ce qu’il y avait d’amour dans mon cœur – si tu avais pu deviner les souffrances que me faisait éprouver cette contrainte – que je m’imposais près de toi –
Maintenant je puis te laisser voir combien je t’aime puisque tu n’as pas craint de t’associer à ma vie – Je t’aime –
Juliette
Ta bonne lettre d’hier – je la garderai – C’est une promesse sainte – Je la lirai quand je serai triste – elle me donnera du courage –
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
En ville
BnF, Mss, NAF 16322, f. 24-25
Transcription de Jeanne Stranart et Véronique Cantos assistées de Florence Naugrette
[Souchon]
a) « voies ».
b) « tous ».