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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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2 novembre [1838], vendredi, midi ¾

Bonjour mon petit homme adoré, bonjour mon amour, bonjour mon Toto chéri. Comment vas-tu ce matin ? Comment vont tes yeux, ta gorge, et ta douce petite voix ? Il fait bien froid ce matin, tâche de ne pas rester entre deux airs, surtout si tu transpires.
Pauvre adoré, je ne suis pas une minute sans ne pas regretter de n’être pas ton chien, ta servante, ton laquais, enfin tout ce qui peut te garder et te servir. Pauvre ange adoré, c’est bien vrai que je voudrais te servir, et te garder à genoux. Je t’aime tant. Il n’est pas probable que Féréol [1] étant malade, [illis.] peu sûr de sa mémoire, et aujourd’hui étant jour de fête, on fasse la répétition de ta pièce ? Aussi si tu as un moment pour me faire sortir, tu seras bien bon et bien gentil. Papa est i. J’ai besoin de marcher comme tu sais, et je n’en ai pas souvent l’occasion, comme tu sais encore.
J’aime mon Toto. J’aime mon chéri. J’aime mon Victor. Je voudrais bien le voir aujourd’hui mon Toto, tout de suite à présent. Papa serait bien i s’il venait déjeuner ce matin avec sa pauvre vieille Juju.

BnF, Mss, NAF 16336, f. 112-113
Transcription d’Élise Capéran assistée de Florence Naugrette


2 novembre [1838], vendredi soir, 5 h. ¼

Je me résigne mon cher petit bien-aimé. Je suis au contraire très heureuse, relativement, de pouvoir te donner cette marque de résignation et d’amour. Je sais que tu es très occupé, et que tu ne peux pas me faire sortir, mon adoré. Je n’ai pas eu le temps tantôt de te demander si tu souperais avec moi, j’y compte cependant, et je ne mangerai que la soupe dans cet espoir là. Il paraît que Mme Kraft n’est pas allée ou n’aura pas touché les 400 F. puisqu’elle n’est pas venue aujourd’hui. Nous en avons cependant bien besoin, le pain de sucre d’hier m’a ruinée, je n’ai pas un sou dans la caisse, et je dois 1 F. 10 sous à Suzette. Je vous dis tout ça, mon amour, parce que vous voulez tout savoir. Du reste s’il me fallait vendre ma dernière chemise tout à l’heure pour passer la soirée et la nuit entière avec vous, je le ferais avec des hurlements de joie, QUEL BONHEUR !! Quel bonheur !!!!!!!a Malheureusement, je n’en suis pas là, c’est ce qui fait que je suis triste et résignée ce soir.
Je t’aime mon Toto.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16336, f. 114-115
Transcription d’Élise Capéran assistée de Florence Naugrette

a) Les sept points d’exclamation courent jusqu’au bout de la ligne.

Notes

[1Féréol interprète le personnage de don Guritan.

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