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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 7 décembre 1857, lundi après-midi, 3 h. ½

Cher bien-aimé, je te bâcle ma RESTITUS à la hâte et par-dessus tes papiers que j’ai recouverts d’un journal pour ne pas en déranger l’ordre ni les salir. Mes pattes de mouches courent sans crainte de cette façon par-dessus votre crinière de lion [1], pendant que ma pensée et mon âme courent après vous sur tous les chemins pour vous forcer à revenir sur vos pas et jusque dans ma belle SAMBRE [2]. Dans l’espoir de te revoir bientôt, mon cher petit homme, je viens d’allumer un bon feu pour sécher tes pieds et tes vêtements que l’humidité aura sans doute pénétrésa de part en part. En attendant que tu viennes te réchauffer à mon feu et sous mes baisers, je te fais penser à me donner à copire le plus tôt possible car je crains, si tu attends trop tard, que tu ne me presses au-delà de mon habileté, trop peu habile, quand viendra le moment d’imprimer. Ceci dit, je veille et je garde mes armes et je t’aime de toutes mes forces.

BnF, Mss, NAF 16378, f. 220
Transcription de Chantal Brière
[Souchon, Massin]

a) « pénétré ».

Notes

[1Il s’agit peut-être d’une allusion à un poème de La Légende des siècles, « Les Lions », que Hugo avait commencé à la fin du mois d’octobre.

[2La chambre de Juliette vient d’être aménagée et décorée.

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