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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 17 avril 1857, vendredi après-midi, 3 h. ½

Je serais un monstre d’ingratitude, mon pauvre grand adoré, si je n’étais pas la plus reconnaissante et même la plus heureuse des Juju après toutes les admirables choses dont tu m’as comblée et après la mansuétude ineffable que tu as toujours pour moi. Aussi je t’aime, mon Victor bien-aimé, jusque dans la moelle de mes os et l’essence de mon âme. Ma joie c’est ton sourire, mon bonheur absolu c’est toi. Si mon esprit était à la hauteur de mon amour, rien ne me dépasserait sur la terre ou dans le ciel et je serais ton égal en génie. Mais, hélas ! il n’en esta pas ainsi et je suis presque aussi bête que je t’aime, ce qui est un triste contrepoids à mon amour. C’est pour cela que j’hésite si souvent à t’écrire car il me semble que ma stupidité est encore plus apparente sous ma plume que dans ma bouche. La bêtise parlée ne laisse pas de trace aussi déshonorante que la bêtise écrite, c’est pourquoi je te supplie de t’en tenir à mes paroles, mon cher adoré, et de ne pas exiger que je mette chaque jour le bonnet d’âne à mes pauvres restitus qui n’en peuvent mais de toutes les sottises dont je les couvre. Je t’aime mieux dans un baiser que dans toutes les finesses de l’esprit.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16378, f. 66
Transcription de Chantal Brière

a) « n’est ».

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