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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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17 juillet [1838], mardi matin, 10 h. ¼

Bonjour mon cher petit bien-aimé. Bonjour mon amour. Comment vas-tu mon petit homme chéri ? La bonne vient de me dire qu’elle avait entendu dire ce matin qu’un théâtre brûlait mais qu’elle ne savait pas où ni lequel. Ça ne peut pas être Ventadour [1] à moins que le diable ne s’en mêle. Au surplus, si c’est lui, je m’en console en pensant que cela nous donnera peut-être un petit voyage et bien que l’espoir me rende féroce, pourvu qu’il ne se brûle aucun pompier ou bourgeois, je suis tranquille et je ris au nez des actionnaires. En attendant que la nouvelle du feu se confirme je vais me mettre au baina comme ça et si vous avez du cœur, vous viendrez m’en retirer. J’aime mon Toto. J’aime mon Toto. J’adore mon Toto. Je désire mon Toto. J’espère mon Toto. Je baise mon Toto partout, aux cheveux, au front, aux yeux, aux nez, à la bouche, aux dents, au menton, aux mains et surtout à ses petits pieds.

Juliette.

BnF, Mss, NAF 16335, f. 65-66
Transcription de Sandra Glatigny assistée de Gérard Pouchain

a) Dessin :

© Bibliothèque Nationale de France

17 juillet [1838], mardi soir, 6 h. ½

Je ne suis pas plus heureuse aujourd’hui qu’hier, mon adoré, car la journée s’est passée sans te voir, ce qui me rend fort triste. Je sais bien que ce n’est pas ta faute, mon bien-aimé.

10 h. ¼ du soir

Je reprends ma lettre mon bien-aimé pour te dire que je suis bien heureuse de t’avoir vu quoiqu’il y ait un petit coin noir dans mon cœur car tu as très bien reconnu cette femme que tu disais ne pas connaître. J’ai du chagrin bien vrai et si je pouvais partir à l’instant même pour un pays quelconque, je le ferais pour te débarrasser de moi qui ne suis bonne qu’à t’ennuyera et à te brûler les yeux. Je suis bien malheureuse, va. Je donnerais ma vie pour deux [illis.]. Quand tu viendras ce soir, mon bien-aimé, tu trouveras l’eau pour tes beaux yeux. J’aurais voulu mettre mon cœur à bouillir dedans mais j’ai craint que ce ne soit un ingrédientb plutôt malfaisant que bon et je le garderai dedans moi pour t’adorer et [illis.].

Juliette

BnF, Mss, NAF 16335, f. 67-68
Transcription de Sandra Glatigny assistée de Gérard Pouchain

a) « ennuier ».
b) « ingrédien ».

Notes

[1La salle Ventadour a été attribuée à Anténor Joly pour la fondation du Théâtre de la Renaissance, qui doit être inauguré par Ruy Blas.

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