Paris, 18 octobre [18]73, samedi matin, 9 h.
Cher bien-aimé, je n’ai pas encore prisa le temps de demander à Mariette, qui n’est pas là, d’ailleurs, comment tu avais passé la nuit parce que j’avais à cœur de copier avant toute chose la page que tu m’as donnée hier. Je viens de l’achever et de la collationner avec toute l’attention dont je suis capable et j’espère qu’il n’y manque rien. Je viens de recevoir un mot de Louis [1] qui me dit qu’il viendra avec sa femme dîner demain avec nous. Le pauvre garçon n’a pas de chance car il est de toute impossibilité de risquer d’être treize à table et ma table, pas plus que ma salle à manger, ne peut contenir plus de dix à onze convives en se gênant beaucoup. Donc, il va falloir que je me prive de ces chers petits bonnes gens en leur disant mon embarras d’assiettes. Mais, pour que la chose soit moins dure, je te prierais de me donner une loge sans date pour Marie Tudor, si tu peux, ce qui n’est rien moins que prouvé, peut-être à cause que : les cordonniers sont les plus mal chaussés. Enfin : si cette histoire vous ennuie, nous ne la recommencerons pas [2]. L’essentiel est que tu m’aimes comme je t’aime depuis le commencement jusqu’à la fin et que nous méritions de nous adorer l’un l’autre et de l’éternité. Je baise tes chers yeux.
BnF, Mss, NAF 16394, f. 294
Transcription de Manon Da Costa assistée de Florence Naugrette
a) « prit ».