Paris, 1er septembre [18]73, lundi après-midi, 3 h. ½
Ouf ! M’en voilà débarrassée de mes comptes en partie double ! Ça n’est pas sans peine et sans mal de tête. Il résulte de toute cette arithmétique que j’ai 12 francs 12 sous d’excédent, plus une dépense de 1 franc 10 que j’ai oublié de marquer et dont je me souviens à l’instant même. Ce qui me fait supposer que j’ai oublié d’écrire en recette une quinzaine de francs à peu près. Mais peu importe puisque je te les rends fidèlement comme une bête de caniche que je suis. À ce propos, mon cher adoré, Mme Charles est arrivée tantôt tout effarée me dire qu’elle t’avait rendu 100 francs de trop ; ce qui te sera facile de vérifier, car, à part l’appoint de 8 francs que tu m’avais dit de lui faire remettre, je n’ai pas touché à l’argent que tu m’as laissé. J’ai su que Vacquerie était venu avec ses deux jeunes neveux ; qu’il était resté très longtemps avec ton fils qui paraissait très content de le voir ; qu’il n’a pu rester à dîner ce soir mais qu’il accepte l’invitation pour un autre jour pour toi, pour sa nièce et pour les enfants. Guérin, parait-il, doit dîner ce soir. Voilà toutes les nouvelles. Ah ! J’oubliais deux balais et un torchon à éponger qu’il a fallu acheter puisque la mère Schmall [1] a trouvéa bon de mettre les siens sous clefs. Ce n’était pas la peine vraiment de faire des coquetteries et des marivaudages avec toi pour aboutir à cette pingrerie par trop Israélite. Je m’en venge à t’adorant six cent mille comme ton petit Toto.
BnF, Mss, NAF 16394, f. 255
Transcription de Manon Da Costa assistée de Florence Naugrette
a) « trouver ».