Guernesey 11 mai [18]73, dimanche, 7 h. ¼ du m.
J’ai déjà salué ton balcon, mon cher adoré, comme si je pouvais à force d’yeux, de baisers et d’amour évoquer ta chère apparition. Maintenant j’attends l’heure d’envoyer Suzanne savoir des nouvelles de ta nuit et de ton bobo. J’espère qu’il se sera tenu assez tranquille pour te laisser dormir comme un bon petit noir à moi. Tu seras bien gentil d’en donner tous les détails à Suzanne pour moi et de lui demander tout [cea ?] dont tu peux avoir besoin d’ici à ce soir ; c’est la seule manière de me faire prendre ton mal en patience. En attendant je te donne ce que j’ai de plus doux, de plus tendre et de meilleur en moi et je t’adore inguibus et rostro ! [1] Ah mais c’est comme ça !
Adresse
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16394, f. 131
Transcription de Maggy Lecomte assistée de Florence Naugrette
a) Tâche sur le manuscrit.
Guernesey 11 mai [18]73, dimanche midi
Je suis si contente que tu aies passé une bonne nuit et que ton bobo ne soit pas trop méchant que j’en sauterais de joie si ma grosseur ne m’attachaita pas au plancher.
Il parait, mon cher bien-aimé, que de ton côté tu te sens si bien que tu t’es déjà réintégré dans ton lucoot ? J’espère que cette réinstallation un peu hâtive ne sera pas aux dépensb de ta patte et que tu pourras sauter à pieds joints d’ici à un jour ou deux. Je regrette que nous n’ayons pas pu sortir aujourd’hui pour toi d’abord que le beau temps et le grand air réjouissent et ravigotentc, et pour moi qui n’ai que cette occasion d’être avec toi avant le dîner. Encore si tu voulais me rabibocher par un chapitre de ton QUATREVINGT-TREIZE, loin de me plaindre je m’en féliciterais mais je n’ai aucune espérance d’une si bonne aubaine, aussi je bisque autant que je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16394, f. 132
Transcription de Maggy Lecomte assistée de Florence Naugrette
a) « m’attachais »
b) « au dépend ».
c) « réjouit et ravigotte »