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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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2 juin [1838], samedi matin 11 h. ¼

Bonjour mon petit bien-aimé. Comment vas-tu mon amour ? Quel chien de temps, il pleut et il fait froid. Si nous n’étions pas excessivement bêtes, nous nous en irions là où il y a du soleil, de l’ombre et la mer, trois choses qui complètenta l’amour d’une manière ravissante. Ce pays n’est plus habitable que par les phoques et les académiciensb. Je vous aime mon Toto au milieu des frimasc dont je suis environnée mais je n’en sentirais pas moins le bonheur d’être avec vous sur une terre plus hospitalière, mon petit homme chéri. J’espère qu’il ne vous est rien arrivé cette nuit ? J’ai peur toujours et cette crainte me préoccuped jusque dans mes rêves. J’ai eu unee espèce de cauchemar cette nuit qui m’a beaucoup agitée. Je voudrais te voir pour être bien sûre que tu es sain et sauf, mon cher bien-aimé. Je ne sais pas ce que je deviendrais s’il t’arrivait le moindre petit accident, aussi je tremble toujours car je sens bien que je ne pourrais pas supporter le malheur de te savoir souffrant loin de moi. Mais tu te portes bien, n’est-ce pas mon amour ? Mais tu ne seras jamais malade et tu seras toujours mon Toto adoré.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 220-221
Transcription d’Armelle Baty assistée de Gérard Pouchain

a) « complettent ».
b) « accadémiciens ».
c) « frimats ».
d) « préocupe ».
e) « un ».


2 juin [1838], samedi soir, 7 h.

Je regrette, mon adoré, que tu te sois en allé sur une mauvaise humeur de moi quoiqu’elle ne te fût pas adressée. Samedi soir 8 h. ½ : je continue mon épître, mon bien-aimé. Je suis touta abasourdie des tristes nouvelles qui se succèdent pour nos affaires. Je crois que c’est moi qui nous porte malheur et je serais presque tentée de m’enfuir à l’autre bout du monde. Avec ça, je suis dans mon jour aujourd’hui. J’ai réussi à faire le contraire de ce que tu voulais en faisant raccommoderb le pot bleu, c’est une chance comme une autre mais je l’aimerais mieux d’unc autre genre. Si tu veux que je ne sois pas lugubre ce soir, tâche de venir me prendre pour marcher avec toi. Je te promets de ne pas te parler si tu travailles. Je tâcherai même de ne pas te regarder. J’espère que je fais assez d’efforts pour ne pas te gêner, de ton côté tu devrais me récompenser en venant très tôt, mon Toto. Tu as été bien digne et noble comme toujours, mon adoré, dans ta démarche de ce matin. Plus je te connais et plus je t’admire, plus je te vénère et plus je t’adore. Tu n’es pas seulement le plus grand par ton génie, tu es le premier de tous par la noblesse de ton âme. Oh ! Je t’adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 222-223
Transcription d’Armelle Baty assistée de Gérard Pouchain

a) « toute ».
b) « racommoder »
c) « une »

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