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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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28 avril [1836], jeudi matin, 10 h. ½

Bonjour, mon petit Toto, comment que ça va ce matin ? Moi je t’aime, mon cher petit homme adoré, voilà comment je vais.
J’ai rêvé cette nuit au tant désiré portrait ; mon cher petit bien aimé, vous seriez bien bon, bien bon, bien bon, si vous trouviez le moyen de me faire copier le portrait ressemblant, car plus je vais et moins j’ai de confiance dans les talents de M.... au moins pour la ressemblance, ce qui sera à mes yeux le premier mérite de ton cher petit portrait.
Voyons, mon cher petit homme, un peu de bonne volonté et de résolution. C’est une bonne action que tu feras et que je reconnaîtrai à tous les instants de ma vie par un amour sans borne et sans fin et par une résignation continue aux exigences de notre position. Il me semble, mon cher petit homme, que vous n’avez rien à objecter à cela, qu’à trouver l’expédient qui mettra Châtillon à même de recommencer une seconde fois à étudier votre belle figure, ce qui n’est point désagréable, ou bien, au pis-aller, à risquer votre temps et votre patience chez Nanteuil, ce qui vous sera compté par moi comme le plus grand trait de générosité de votre vie à la condition que vous irez tout de suite car je t’aime, donc c’est très pressé.

J.

BnF, Mss, NAF 16326, f. 356-357
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa


28 avril [1836], jeudi soir, 8 h.

Pauvre cher petit homme, vous êtes bien en train de travailler pour abandonner ainsi votre pauvre Juju à son amour solitaire et pour vous laisser mourir de faim. Je viens de préparer moi-même une énorme jatte de bouillon que je vous prierai d’avaler avec confiance. Au moins comme cela je serai sûre que vous ne compromettez pas votre chère petite santé pour la plus grande satisfaction de L’UNIVERS [1].
J’ai lu l’article sur Notre-Dame [2], il est encore au-dessous de ce que le monde entier sent et pense de vous. Moi, je vous AIME PLUS FORT et plus haut que toutes les admirations réunies.
Pauvre cher bijou, tu paraissais vivement contrarié de l’incident qui nous livre en quelque sorte à cette affreuse mégère de la rue des Tournelles [3] et moi-même j’en suis aussi inquiète que toi. Mais je nous rends la justice que nous avons fait humainement tout ce qui dépendait de nous pour empêcher cela et qu’il faut attendre maintenant l’événement (s’il a lieu) de pied ferme.
Cher bien-aimé, je vais me coucher en t’attendant parce que je crains que ton travail ou toute autre occupation t’empêche de penser à ma sortie de ce soir et que, dans le cas heureux où tu viendrais, il m’est très facile de me jeter en bas du lit et de m’habiller ou, ce qui vaudrait encore mieux, de rester dans mon lit avec quelqu’un que je ne nomme pas.

BnF, Mss, NAF 16326, f. 358-359
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa

Notes

[1Il s’agit du journal catholique, récemment fondé par l’abbé Migne (1834) et où Louis Veuillot devait s’illustrer quelques années plus tard.

[2À identifier.

[3À identifier.

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