Guernesey, 3 août 1859, mercredi, 7 h. ½ du m.
Bonjour, mon bien-aimé ; que la santé, la paix, la gloire et le bonheur soient avec toi et avec tous les tiens.
J’espère que tu as passé une bonne nuit, quoique tu n’aies pas encore ouvert ta fenêtre malgré le soleil ardent qui darde sur tes vitres. Il est probable que tu t’es couché très tard et que tu récupèresa ton sommeil dans ce moment-ci. Mais tes pauvres petits oiseaux qui n’ont pas ce même prétexte pour rester au lit enfermé sous une cloche de verre chauffée de tous les côtés doivent souffrir beaucoup le martyr de saint Laurent [1], au gril près. Il est à craindre que tu ne finisses par les trouver rôtis un de ces quatreb matins, ces pauvres petits prisonniers d’état. Quant à moi, je ne peux que signaler le danger et je le fais dans toute l’étendue et toute la force de ma restitus en te suppliant de penser à donner des ordres sérieux pour qu’on donne un peu d’air à ces pauvres petites bêtes dès qu’on sera levé. Et puis je t’aime de toute mon âme.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16380, f. 174
Transcription de Mélanie Leclère assistée de Florence Naugrette
a) « récupère ».
b) « quatres ».