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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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10 mars 1877

Paris, 10 mars [18]77, samedi soir, 4 h.

C’est ainsi qu’en partant tu me fais tes adieux ? [1]
Si tu crois que cela me contente, tu te trompes du tout au tout car la perspective de conquérir comme sénateur inamovible même le citoyen Alfred André [2] avec le risque de ne pas t’avoir à dîner ne me fait pas rire du tout. On apporte un grand pli de la part de Ch. Floquet qui contient un article de Mario Proth que je n’ai pas encore lu, plus une lettre d’enthousiasme et d’effusion de Floquet réclamant « la reproduction si désirée des Misérables », suite d’une conversation et d’un projet fait entre vous récemment probablement. Je vais me dépêcher de lire l’article d’Edmond Texier et celui de Mario Proth [3]. Et puisque ce nom est sous ma plume, je te fais souvenir qu’il y a longtemps qu’il n’a dîné ici. Entre temps j’ai installé Lesclide qui pioche avec un joyeux et heureux entrain qui me rappelle mes beaux jours d’autrefois. Hélas ! ils sont déjà bien loin mais mon cœur est resté plus près encore du tien et il t’adore.

BnF, Mss, NAF 16398, f. 72
Transcription de Guy Rosa

Notes

[1Citation parodique de Médée : « C’est ainsi qu’en partant je vous fais mes adieux ». On isole le vers. Il ne l’est pas dans la graphie de la lettre.

[2Il s’agissait de remplacer Changarnier. Le sénateur bonapartiste Dupuy de Lôme fut élu. Louis-Édouard-Alfred André, représentant de la Seine à l’assemblée de 1871, y eut une conduite hésitante. Il s’oppose au renversement de Thiers et se déclare hostile à toute tentative de restauration monarchique, mais il soutient le ministère Broglie et vote la prorogation des pouvoirs de Mac-Mahon, mais il penche ensuite vers la gauche. Il n’est pas élu aux élections sénatoriales de 1876, ne se présente pas à celles de l’Assemblée et quitte alors la vie politique.

[3Mario Proth publie dans Le Peuple un article sur la Nouvelle Série de La Légende des siècles, cité dans Le Rappel du 15 mars 1877. Sur Mario Proth, voir Jean-Marc Hovasse, « Mario Proth (1832-1891), un disciple de Michelet, de George Sand et de Victor Hugo, avec des documents inédits », et « Mouvement dramatique français, reprise d’Hernani au Français » [transcription et annotation de cet article à partir de son manuscrit par Jean-Marc Hovasse], Victor Hugo 7 , Le théâtre et l’exil, dir. Florence Naugrette, Caen, Lettres modernes Minard, 2009.

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