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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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1er novembre 1854

Jersey, 1er novembre 1854, mercredi matin, 9 h.

Bonjour mon tout bien-aimé, bonjour à travers le brouillard et tous les Saints d’aujourd’hui, bonjour je t’aime et vous ? Cette question que je vous fais maintenant d’un air si délibéré, et comme presque sûre de la réponse que je désire, je vous l’adresse presque toutes les nuits en rêve et dans le plus profond désespoir. Heureusement que je n’ai pas la superstition des songes car il y a longtemps que je serais morte du chagrin de ta dédaigneuse indifférence, en rêve. Je ne sais pas à quoi tient cette idée fixe à travers mon sommeil car je ne m’endors jamais sans te bénir et sans avoir remis mon âme en garde à la tienne. Ce mystère me sera peut-être expliqué dans l’autre vie mais en attendant je ne veux pas l’interpréter à mal contre toi dans celle-ci, mon adoré bien-aimé, dont je ne peux pas suspecter la loyauté. Aussi je ne tiens aucun compte de tous ces hideux cauchemarsa. Je ne m’en rapporte qu’à ton doux sourire et à tes ineffables paroles d’amour du jour. N’est-ce pas que j’ai raison ? Alors BAISEZ-MOI si vous l’osez.
D’ici là, je tâche de me croire la plus heureuse des Juju. Ce qui ne vous empêchera pas d’aller au concert ce soir et à la bâffrerie Aubin. Taisez-vous, vilain gueulard, vous êtes un q, u, e, che, o, n, ch, on.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16375, f. 365-366
Transcription de Chantal Brière

a) « cauchemards ».

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