Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1838 > Mai > 19

19 mai 1838

19 mai [1838], samedi soir, 8 h. ½

Depuis que tu es parti mon adoré, je suis dans les rangements et dans la poussière jusqu’au cou. J’ai fait nettoyera mes carreaux, j’ai raccommodé moi-même les tapis de pailles, enfin de rangement en rangement, de nettoyageb en nettoyageb, je suis arrivéec jusqu’à présent sans t’avoir écrit, bien que ma pensée n’ait pas quitté ta chère petite personne adorée. Enfin pour me délasser et pour me soulager aussi, je vais prendre un bain. Je te préviens que je date ma lettre de ma pendule qui avance d’une heure et demie. Je ne veux pas que tu croies que je t’écris à des heures indues quand il est encore grand jour. Mon amour, je vous aime, mon Toto vous êtes beau. Je vous demande pardon si j’ai jetéd bas tous vos clochers, si j’ai défoncé tous vos dômes chinois, renversé tous vos groupes mais voyez-vous mon amour, le prosaïsme de la vie se trouve par trop gêné dans tous ces poétiques pots-pourris de l’art. Je vous demande pardon à deux genoux de ma profane symétrie mais je vous adore et je vous respecte tant en personne qu’il ne me reste plus rien pour l’art.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 168-169
Transcription d’Hélène Hôte assistée de Florence Naugrette
[Souchon]

a) « netoyer ».
b) « nétoyage ».
c) « arrivé ».
d) « jetté ».


19 mai [1838], samedi soir, 8 h. ½

Oh, vous ne perdrez pas pour avoir attendu. Vous aurez vos deux lettres, morte ou vive. Je vous les écrirai quand je devrais les dater dans l’autre monde. Savez-vous que j’étais bien malade cette nuit et que vous avez été bien admirablement bon de vous en inquiéter et de revenir me garder. Cela me donne envie d’être malade toutes les nuits. Je peux bien faire cela pour vous avoir auprès de moi. Avec vous, mon amour, le mal devient de la santé et la migraine du bonheur. C’est bien vrai mon petit homme, j’étais bien souffrante cette nuit et la possession de ta personne adorée m’aa ranimée et j’étais guérie ce matin ; ce soir je suis malade parce que tu me laissesb trop longtemps seule. Je suis sûre que si tu venais, je ne sentirais plus aucun mal nullec part. Voici que j’entends la sonnette de la porte. Si c’était toi ! Mais non c’est Besancenot. Ça ne me fait pas le même effet. Vous travaillez donc beaucoup mon amour, que vous m’oubliez ? Moi je pense à vous. Je vous désire et je vous aime de toutes mes forces.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 170-171
Transcription d’Hélène Hôte assistée de Florence Naugrette

a) « ma ».
b) « laisse ».
c) « nul ».

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne