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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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10 mai 1838

10 mai [1838], jeudi matin, 10 h. ½

Bonjour mon adoré bien-aimé. Vous avez déjà cessé les bonnes habitudes et vous avez eu tort, car rien n’était plus doux ni plus charmant pour votre pauvre Juju que votre présence le matin. Je t’aime mon Toto adoré. Je ne vis et ne pense qu’en toi. Je suis toute à toi de corps et d’âme. Jour mon petit Toto. Il me semble qu’il fait un peu frais ce matin. Je suis levée, mes croisées sont ouvertes et le vent est frais. Nous devrions tâcher d’acheter une de [nos  ?] robes aujourd’hui pendant qu’il fait frais afin que je puisse encore mettre la noire aujourd’hui car plus tard je n’oserai vraiment plus sortir dans cet accoutrement d’hiver. J’espère que Jourdain viendra aujourd’hui ou qu’il enverra. Je pense que le retard vient de la frange qui n’est pas prête. Je vais écrire à Gérard et à Mme Kraft pour avoir l’adresse de sa couturière et pour faire arranger mon chapeau de paille d’Italie blanc. Je serai belle comme un soleil, comme vous après ce temps-ci. Et puis je t’aime et puis je n’ai pas autre chose dans l’esprit et dans le cœur, c’est pour cela que je te dis toujours la même chose. Je voudrais te voir et baiser ta belle bouche et tes pauvres yeux malades, en attendant je vais te désirer de toutes mes forces.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 132-133
Transcription d’Hélène Hôte assistée de Florence Naugrette


10 mai [1838], jeudi soir, 9 h.

Vous êtes un bien bon et bien i Toto. Je vous aime et vous avez un très joli cachet et moi une très jolie robe et une très jolie ombrelle. Si vous aviez voulu, mon amour, vous auriez complétéa l’ajustement par une bonne culotte doublée et redoublée de marronniersb [1]. Enfin j’espère que vous aurez pitié de nos geules après avoir eu pitié de mon corps. Que vous êtes bon mon Toto, oui que tu es adorablement bon mon amour d’avoir eu l’attention de m’apporter tes chers beaux cheveux. Jamais ils ne me quitteront. Je les ai déjà bien baisés et bien sentis car ils sentent fièrement bonc. Je vous donne ma bouteille d’or et tout mon esprit dedans pour n’en plus entendre parler. Au moins je pourrai être bête tout à mon aise et toute la vie sans avoir à m’en occuper. Que je t’aime donc, mon petit homme, tous les jours plus et jamais moins. Je suis ravie que tu aies ton beau cachet, pauvre bien-aimé, il n’y a rien d’assez beau pour toi. Je voudrais te donner toute la terre et le ciel. Si je n’étais pas aussi bête je te dirais que tu as tout cela et bien plus encore puisque tu [as] le génie et l’amour de ta vieille Juju.

BnF, Mss, NAF 16334, f. 134-135
Transcription d’Hélène Hôte assistée de Florence Naugrette

a) « completté ».
b) « MARONNIERS ».
c) « bonnes  ».

Notes

[1Les Marronniers étaient un restaurant réputé de Bercy.

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