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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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9 mai 1838

9 mai [1838], mercredi midi

Vous êtes le plus charmant et le plus aimé des hommes et j’ai baisé vos jolis petits pieds ce matin. Grognez tant qu’il vous plaira, mais cela est ainsi, mon amour chéri, je ne vous aime pas plus quand vous venez déjeuner avec moi mais je suis plus heureuse, je suis à la joie de mon cœur. Je trouve seulement que la matinée est trop courte quand vous êtes avec moi et la journée éternelle quand vous n’y êtes pas. Ai-je tort et suis-je une vieille bête ? J’ai toujours mal au cœur ce qui est assez ridicule dans la position où je suis.
Jour mon petit o, vous êtes mon bien-aimé. Je suis dans un nuage de cendre et de poussière. Je fais fermer ma cheminée. C’est une opération peu agréable. Si tu peux me faire marcher tantôt, mon amour, ça sera une bonne action car je suis bien mal à mon aise. Il est vrai que je ne sais pas de quoi je me vêtirai pour ne pas étouffer. Ma robe noire ouatéea est un peu douce pour la saison. Ce n’est pas coquetterie, mon amour, mais le besoin le plus urgent qui me fait te presser pour avoir une robe quelconque, il faut que ce soit bien indispensable pour te tourmenter dans l’état où sont tes pauvres yeux et avec l’amour que j’ai dans le cœur. Mon pauvre bien-aimé adoré, je t’aime plus que tout au monde. Je ne pense qu’à toi. Je ne vis qu’en toi.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 128-129
Transcription d’Hélène Hôte assistée de Florence Naugrette

a) « ouattée ».


9 mai [1838], mercredi soir, 6 h. ½

Je suis rentrée chez moi bien souffrante, mon pauvre adoré, et c’est bien heureux que nous n’ayons pas trouvé Mme Pierceau car j’aurais été encore plus mal à mon aise chez elle que chez moi. Tu es la complaisance et la douceur même, je ne laisse rien échapper, mon amour et j’apprécie toutes les adorables qualités de ton caractère. Pardonne-moi si je suis quelquefois morose, c’est que je souffre aujourd’hui. Par exemple je pouvais à peine ouvrir la bouche mais dans mon cœur je t’adorais et je te disais mille bonnes choses douces et attentionnées. J’espère mon cher bien-aimé que tu ne tarderas pas à venir, vous me devez les journaux. D’ailleurs dans le cas où tu serais assez maître de toi-même pour me donner le reste de la soirée, je te prie mon amour que nous n’allions pas à [l’entour  ?], la chaleur et la mauvaise odeur me font mal. J’aime mieux marcher si ça ne te fait rien et puis je t’aime mon cher bien-aimé plus que toutes les comparaisons et tous les chiffres du monde mis au bout les uns des autres. Je t’aime à l’infini.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 130-131
Transcription d’Hélène Hôte assistée de Florence Naugrette

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