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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Jersey, 28 avril 1854, vendredi matin, 9 h. ½

Bonjour, mon ineffable bien-aimé, bonjour, mon grand adoré, bonjour. Je voudrais déjà que tu fusses revenu de la triste cérémonie de tantôt [1]. Je souffre quand je te sais sous une influence douloureuse mais d’ici-là tâche de venir me voir un petit moment pour que la journée me paraisse moins longue et moins pesante. Cependant j’ai de quoi l’alléger et me distraire, mon grand adoré, en copiant [ta ?] sublime poésie. Aussi je vais me hâter de faire mes affaires pour me livrer tout entière à cette agréable occupation.
Je viens d’écrire au père Durand pour lui dire l’heure et le lieu de l’enterrement en l’engageant à y aller. Maintenant je t’attends et je t’espère tout à l’heure. Il m’est impossible de détacher ma pensée de cette espérance bienheureuse et de donner d’autres aspirations que toi à mon âme. Aussi, mon pauvre adoré, tous mes gribouillis sont empreints de cette tendre uniformité d’esprit et de cœur qui doit te paraître à la longue bien monotone et bien fastidieuse. Je le sens et je ne peux rien y changer. Je t’aime exclusivement et sans aucun mélange des choses de ce monde, ça n’est pas ma faute. Il faut en prendre son parti jusqu’au bout. En attendant je t’insuffle tous les baisers et toutes les tendresses de mon âme et je te bénis dans mes prières de tous les instants.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16375, f. 162-163
Transcription de Chantal Brière

Notes

[1L’enterrement de Nancy Asplet, dont il est question dans la lettre précédente.

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