Paris, 6 juin 1880, dimanche midi
Cher bien aimé, je me suis laissée accrocher par toutes les broussailles du ménage jusqu’à cette heure-ci, et j’en bisque [1] encore parce que je vois que je n’aurai pas même le temps d’achever mon gribouillis avant le déjeuner. Justement, j’entends la voix mélodieuse de Rosalie qui hèle Angélique à ce sujet. Puis, bonne nouvelle, le revenez-y [2] de Mme Chenay qui a pris le bon parti que le temps soit un peu meilleur pour sa traversée en mer [3]. Je n’y vois pour moi pas d’autre tablature [4] que l’inévitable treize à table ce soir [5]. À moins que quelque estomac complaisant ne s’adjoigne à ce chiffre fatidique, ce qui est peu probable en l’absence du brave Lesclide. Lequel va mieux cependant, mais pas encore assez pour faire le quatorzième ce soir. Cher adoré, je boucle ma restitus par le sacramentel : je t’adore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16401, f. 149
Transcription de Blandine Bourdy et Claire Josselin