Paris, 12 mars 1880, vendredi matin, 8 h.
J’espère, mon cher bien-aimé, ne pas me tromper en croyant que tu as passé une bonne nuit ? Mais, ce dont je ne peux pas douter, c’est le sommeil profond et paisible que tu as ce matin. Quant à moi, j’ai très bien dormi, et me suis toute ragaillardie ce matin. Je voudrais en profiter pour te donner les comptes de janvier et de février qui sont tout prêts dans mon livre des dépenses mais dont il faut que j’extraie de la dépense de la cuisine proprement dite, toutes les dépenses en dehors qui ont nombreuses et considérables. Pour le faire avec exactitude, il faut beaucoup d’attention et de temps. J’essayerai aujourd’hui car je tiens à te satisfaire en te donnant par le menu, et avec preuves à l’appui, l’emploi de l’argent que tu fais passer par mes mains. Pour commencer je me hâte de te bâcler ma restitus bouci boulà, sans crainte de me tromper dans la multiplication de mes tendresses dont le total exact est invariablement : je t’adore !
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16401, f. 72
Transcription de Blandine Bourdy et Claire Josselin