Paris, 26 juin [1880], samedi midi.
Si comme je le désire et l’espère, tu as passé une très bonne nuit je te pardonne tous tes crimes et je te pardonne tous tes crimes et je te souris et je te bénis. Je te pardonne même sans cela et de toute façon car mon cœur est un vieux lâche qui n’a pas le courage de se défendre contre tes trahisons. [1]. Pendant que nous nous disposions à nous mettre au lit hier soir, Virginie a trouvé sur le seuil de notre porte au dehors un petit calepin>a appartenant à maître Cléry comme l’indiquent les cartes qu’il renferme parmi d’autres papiers et un ou plusieurs billets banque que, comme elle, je n’ai fait qu’entrevoir dans l’un des compartiments. Elle me l’a donné ce matin pour le lui rendre, mais, comme il y a encore loin d’ici à jeudi, je le lui ferai reporter chez lui tantôt. L’ordre du jour du Sénat indique réunion dans les bureaux lundi à deux heures pour s’occuper de l’Amnistie [2] et de plusieurs choses qui me paraissent de peu d’importance à côté de la première, mais le hic pour moi c’est que la Séance publique n’aura lieu qu’à quatre heures c’est grave. Moins grave cependant pour moi que de n’y pas aller du tout. Qu’en penses-tu toi-même ? Moi je t’aime.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16401, f. 173
Transcription d’Emma Antraygues et Claire Josselin
a) « calpin ».