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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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25 février 1848

25 février [1848], samedi matin, 5 h.

Je viens de chez toi, mon cher bien-aimé, ou plutôt un commissionnaire que j’ai décidé à traverser la rue Saint-Louis pour 2 f. m’a apporté la nouvelle que tu étais à l’assemblée et que ta chère famille se portait bien. Dieu veuille que la nouvelle ne soit pas démentie à l’heure qu’il est et ne la soit jamais car il est impossible de prévoir d’ici ce qui arrivera. La fusillade a repris depuis un quart d’heure avec une nouvelle furie. Les insurgés menacent de mettre le feu aux maisons plutôt que de se rendre. À chaque instant des blessés et des morts sont transportés à l’ambulance de l’école centrale. Mais je te crois en sûreté, mais je sais ceux que tu aimes préservés, mais j’espère que rien ne t’arrivera et j’ai du courage. J’ai le cœur navré, mais je t’adore. Hier, je t’ai presque obéi, je n’ai pas insisté dans ma tentative pour aller te rejoindre même le soir dans l’espoir que tu viendrais pendant la trêve, et dans la crainte de me croiser avec toi je ne suis pas allée à la place Royale. Mais depuis ce matin je tournais autour de cette place comme une bête fauve sans pouvoir y aborder. Enfin, après avoir vu une femme blessée, mais légèrement, j’ai fini par trouver un homme qui s’est chargé d’aller chez toi. Hélas, maintenant comment la journée va-t-elle se passer, quand te verrai-je et comment te verrai-je. Que le bon Dieu te protège, mon doux adoré. Je te bénis du fond de l’âme.

Leeds, BC MS 19c, Drouet/1848/07
Transcription de Joëlle Roubine

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